Cette scène évocatrice dévoile les ruines d'une abbaye délabrée, situées au bord d'une route où deux voyageurs — l'un à cheval, l'autre à pied — avancent à travers un paysage apaisé. La technique précise de l'eau-forte dessine avec finesse les textures des pierres érodées et de la nature qui reconquiert peu à peu les vestiges architecturaux. La composition oriente le regard des figures en premier plan vers l'abbaye ruinée, fière mais fragile, dressée sous un ciel léger ponctué de nuages et d'un vol d'oiseaux qui anime subtilement l'espace.

Rendue en tons monochromes, l'œuvre se distingue par un travail minutieux de lignes et un ciselé en hachures croisées créant profondeur et atmosphère, offrant une quiétude presque poétique invitant à méditer sur le passage du temps. La structure gothique, avec ses fenêtres et ses tourelles dévastées, s'oppose aux silhouettes modestes des voyageurs en mouvement, suscitant une narration poignante sur le voyage et la perte. Réalisée au milieu du XVIIIe siècle, cette œuvre est un exemple notable d'une estampe topographique à une époque où les ruines pittoresques étaient un sujet très apprécié, en résonance avec les idéaux des Lumières sur l'histoire, la nature et l'effort humain.